Randy « Macho Man » Savage, l’un des lutteurs les plus connus de l’ère moderne de la lutte professionnelle est décédé vendredi matin le 20 mai 2011. Savage était au volant de son véhicule, un Jeep Wrangler 2009, sur la route 694 à Seminole en banlieue de Tampa dans le comté de Pinellas en Floride, avec son épouse Barbara Lynn Poffo alors que soudainement, il aurait été atteint d’un malaise cardiaque. Il a alors perdu le contrôle de son véhicule, a traversé la voie qui allait en sens inverse et est venu percuter de plein fouet un arbre qui se trouvait de l’autre côté de la route. Il fut amené à centre médical Largo où il fut déclaré mort à 9h25 dès suites de ses blessures reliées à l’accident. Il était âgé de 58 ans. Les résultats de l’autopsie ne sont pas encore connus. Son épouse, qu’il connaissait depuis l’école secondaire et qu’il avait épousé il y a un an, n’a subi que des blessures mineures.
C’est une lourde perte pour le monde de la lutte professionnelle alors que jeunes et moins jeunes ont des souvenirs de Savage. Des lutteurs d’un peu partout ont fait savoir leur chagrin via les réseaux sociaux, les médias ont couvert la nouvelle, même au Québec, où la plupart des médias télés, radios et Internet ont mentionné le décès de celui qui fut l’une des plus grandes vedettes de la lutte professionnelle à un moment où elle était en plein expansion. Rej Laplanche de Musique Plus, un amateur de lutte de longue date et un ancien commentateur de la version francophone de Wrestling Society X, était sous le choc. Sur son compte Twitter, l’humoriste et grand fan de lutte Marc Boilard y allait de commentaires semblables. « Je suis affecté….triste nouvelle… » D’autres personnalités comme Martin Perizzolo et Stéphane Gonzalez ont aussi laissé des commentaires sur leur Twitter.
Même s’il avait déjà plusieurs années d’expérience comme lutteur, Randy Savage sortie de l’ombre en 1985, alors qu’il obtient alors sa première vraie chance de se faire connaître au niveau national. La WWF telle qu’on la connaît aujourd’hui a débuté le 23 janvier 1984 avec la victoire de Hulk Hogan sur The Iron Sheik pour remporter le titre mondial de la WWF au Madison Square Garden de New York. Dans les 5-6 années qui ont suivi, si Hogan était seul en tête, Savage faisait partie du peloton qui le suivait, en compagnie d’André the Giant, Roddy Piper et The Ultimate Warrior. « André c’était André. Ultimate Warrior avait un charisme et une popularité sans bornes. Mais Savage n’était pas très loin derrière à ce niveau en plus d’être un meilleur lutteur. », relate l’ancien lutteur devenu agent pour la WWF, le Québécois René Goulet. Piper était aux premières loges des débuts de la période « Rock and Wrestling », Warrior fut sans contredit un lutteur extrêmement populaire, André a attiré ce qui fut pendant longtemps la plus grosse foule à vie pour la WWF et son match face à Hogan en finale de Wrestlemania III est sans doute le match le plus important de l’histoire de la lutte professionnelle. Mais Savage amenait quelque chose d’autre. Il amenait une performance dans un ring hors du commun, une performance que ni Piper, ni André et encore moins Warrior pouvait donner, même si chacun à leur façon ont marqué leur période. Même Hulk Hogan, le lutteur le plus populaire de tous les temps, n’arrivait pas à la cheville de Savage dans une arène de lutte. C’est pourquoi lorsqu’on parle de Wrestlemania III, au Pontiac Silverdome de Detroit, les gens se souviennent de deux combats : Hogan va André et Savage vs Steamboat. Ce match, pour plusieurs, est considéré comme le meilleur match des 27 Wrestlemania. Pour d’autres, il s’agit du meilleur des années 80 et pour certains, le meilleur match de l’histoire.
L’histoire était très bien montée alors que quelques semaines auparavant, Savage avait attaqué Steamboat en lui faisant une descente du troisième câble mais avec la cloche, atterrissant directement dans la gorge de Steamboat. Leur match à Wrestlemania fut une réelle clinique de lutte, où à la fin, Steamboat remportait le combat et par le fait même le titre Intercontinental de la WWF, un titre important à l’époque. « Il contrôlait tous ses matchs. Il les écrivait au complet et faisait envoyer les feuilles à son adversaire, raconte Goulet, en ajoutant que les heels et les babyfaces n’étaient pas dans les mêmes vestiaires à l’époque. On voyait rarement ça car lorsque je luttais, on ne préparait pas beaucoup de choses, on improvisait souvent en écoutant la foule. Son match avec Steamboat était justement l’un des matchs qu’il avait écrit au complet. »
Savage pour sa part s’en allait vers d’autres défis. On dit souvent que le championnat Intercontinental était l’arrêt juste avant le championnat mondial. Plusieurs lutteurs ont suivi cette route : Bret Hart, Diesel, Shawn Michaels, Steve Austin, The Rock. Mais le tout premier à avoir prit cette direction fut Savage. Avant Savage, les anciens champions Intercontinental n’étaient pas nécessairement poussés jusqu’au titre mondial.
Wrestlemania III, IV et V furent les trois Wrestlemania où Savage était à son meilleur à la WWF. Il remporta son premier de deux titres mondiaux de la WWF à Wrestlemania IV, le 27 mars 1988 à Atlantic City, alors qu’il bat Ted Dibiase en finale du tournoi pour couronner un nouveau champion. En effet, le 5 février 1988, lors d’un événement télévisé à NBC, The Main Event, André the Giant avait battu Hogan même si ce dernier avait clairement levé son épaule avant le compte de trois. Dans l’histoire, André, s’il gagnait, vendait le titre à Dibiase, le « Million Dollar Man ». La vente ne fut pas approuvée par le « président » de la WWF, Jack Tunney et le titre fut déclaré vacant. C’est aussi lors de cette soirée qu’on vit pour la première fois les deux jumeaux Hebner, Dave et Earl, ensemble. Il s’agit du combat de lutte le plus vu de l’histoire de la télévision américaine, avec un 15.2 de cotes d’écoute, ce qui équivaut à plus de 30 millions de personne.
C’est lors de ce Wrestlemania que les premières pistes de l’une des meilleures rivalités à long terme furent plantées. Alors que Hogan et André n’étaient plus dans le tournoi, Hogan décida d’aider Savage, maintenant un babyface, à battre Dibiase. Une fois la mission réussie, Hogan alla célébrer dans l’arène avec Savage et Elizabeth. Mais Hogan célébrait trop fort avec Elizabeth au goût de Savage qui le regarda d’un air contrarié. C’était le tout premier indice d’une rivalité qui allait atteindre son climax un an plus tard.
Savage était reconnu par ses pairs pour être ultra protecteur d’Elizabeth dans la vie de tous les jours. Alors qu’il luttait pour son père, l’ancien lutteur Angelo Poffo, Savage était tombé amoureux de l’annonceuse maison, une jeune fille de 19 ans du nom d’Elizabeth Hulette. Après s’être fréquenté pendant quelques années, ils se marièrent en 1984, juste avant que Savage signe avec la WWF. « C’était épouvantable comment il était protecteur avec Liz. », se souvient Goulet. Donc on décide à la WWF de prendre un brin de réalité et de l’amener dans les histoires, alors que principalement, l’histoire entre Hogan et Savage tournera autour de Liz. L’année qui a suivi vit une amitié entre Hogan et Savage se développer au fil des mois. L’histoire, très bien montée, les voit se faire graduellement confiance, puis faire équipe sous le sobriquet de « Mega Powers ». C’était un rêve pour les fans de voir les deux plus grandes vedettes faire équipe ensemble. Pour les amateurs de lutte québécois, c’est l’équivalent de Dino Bravo et Rick Martel, lorsque les deux faisaient équipe au Québec dans les années 80. Puis, à certains moments, on donne d’autres indices de ce qui était pour se passer. À Summerslam 88, alors que Savage et Hogan venaient de battre André et Dibiase, encore une fois, les célébrations furent un peu festives entre Hogan et Liz, au goût de Savage à tout le moins. Lors du Royal Rumble 1989, Elizabeth due même intervenir pour éviter que les deux en viennent aux coups. Finalement, ce qui devait arriver arriva. Le 3 février 1989, lors d’un Main Event à Milwaukee, les Mega Powers affrontent les Twin Towers, Akeem et Big Bossman. À un moment dans le combat, Akeem lance Savage à l’extérieur du ring et ce dernier tombe directement sur Elizabeth. Hogan va alors au secours de Liz à la grande stupéfaction de Savage qui se fait ramener dans l’arène par ses adversaires. Alors que Hogan quitte avec Liz en arrière-scène pour qu’elle obtienne du support médical, les heels prennent le contrôle le combat. Puis, alors que Liz reprend ses esprits, elle demande à Hogan d’aller secourir Savage. Après un fougueux « comeback », Savage frappe Hogan au visage et quitte l’arène pour aller voir Liz. Hogan arrive quand même à battre ses adversaires, mais lorsqu’il retourne au chevet de Liz, lui et Savage ont une discussion musclé et Savage accuse Hogan de vouloir Elizabeth et lui dit qu’il a peur de l’affronter pour le titre. Savage attaque Hogan par derrière avec le titre et saccage tout ce qui pouvait se trouver dans la pièce, incluant Brutus Beefcake, quelques agents venus en aide et même Liz, qui tentait de l’arrêter. C’était le « build-up » parfait pour le tourner heel, alors qu’il s’attaque à la plus grande vedette de la compagnie et à une femme. Le match obtient des cotes d’écoute de 9.7.
À Wrestlemania V, le 2 avril1989 présenté pour une deuxième année consécutive à Atlantic City, Hogan bat Savage en finale pour regagner le titre. Liz pour sa part a fait une entrée solo au ring et alors que le focus de Savage était plus sur elle que sur le combat, l’arbitre Earl Hebner la renvoie en arrière. Elle n’aura donc jamais eu à choisir. Ce qui est ironique dans tout ça, c’est que quelques années plus tard, Savage blâmera Hogan et sa femme Linda pour son divorce d’avec Elizabeth.
Ce match et ce Wrestlemania ont détenu pendant des années le record du plus grand nombre d’achats de PPV de la WWF, avec 776 000, à un moment où il n’y avait pas autant de foyers qui pouvaient acheter des événements sur PPV, ce qui ajoute à l’exploit. De plus, ce fut le match qui attira le plus à l’échelle mondiale cette année là avec une assistance de 194 000 personnes en incluant la présentation sur circuit fermé. (la différence entre circuit fermé et PPV est que les gens devaient se déplacer et acheter un billet pour voir la présentation sur circuit fermé contrairement à un PPV que l’on peut commander de chez soi) Le Forum de Montréal avait d’ailleurs présenté l’événement justement via circuit fermé.
Le 30 août 1989, il bat Hacksaw Jim Duggan pour devenir le Roi de la WWF et du même coup s’associer avec une nouvelle gérante, Sensational Sherri, aussi connue sous le nom de Sherri Martel, qui a remporté la version féminine du titre mondial de la AWA et qui gérera Shawn Michaels par la suite. Puis, le 23 février 1990, Savage affronte Hogan lors d’un Main Event, avec comme arbitre spécial nul autre que James « Buster » Douglas. Dans les faits, Mike Tyson devait arbitrer ce combat, mais il venait de perdre ses 3 titres (WBA, WBC, IBF) face à Douglas le 10 février 1990 à Tokyo au Japon. La WWF a donc décidé d’y aller avec Douglas. Le 1er avril à Toronto, « Macho King » affrontera en équipe avec Sherri Dusty Rhodes et sa gérante Sapphire lors de Wrestlemania VI. Elizabeth y fera un retour et y sera impliqué alors qu’elle fait perdre l’équipe de son ancien poulain.
Lors de Wrestlemania VII présenté à Los Angeles le 24 mars 1991, Savage, toujours heel, affronte The Ultimate Warrior dans ce qui sera son dernier bon match avec la WWF. Certains affirment même qu’il s’agit du meilleur combat que The Ultimate Warrior a eu dans sa carrière, donnant ainsi le crédit à Savage d’avoir été capable de sortir un bon match du Warrior. Dans un match où leur carrière était en jeu, Savage perd le match, mais « regagne » Liz. En effet, Elizabeth avait été montrée à la foule au début du match, assise dans l’assistance comme une simple spectateur. Après que Savage eut perdu son combat, Sherri s’en est prit à son protégé ce qui mena au retour de Liz auprès de Savage, alors qu’elle lança Sherri à l’extérieur du ring.
Par la suite, Savage a continué à travailler pour la WWF alors qu’il est devenu commentateur. Le 6 juillet 1991, lors de la diffusion de Supertsars, Savage demanda Liz en mariage qui répondit d’un retentissant « Oh yeeaah! ». Il ne faut pas oublier que seuls les « hardcore fans » savaient qu’ils étaient déjà mariés. Lors du Summerslam 1991, on présente une double finale, soit un match « Made in Hell » entre Hulk Hogan et The Ultimate Warrior face à Sgt. Slaughter, General Adnan et Col. Mustafa (The Iron Sheik), alors qu’on joue la carte de la guerre en Irak, et un match « Made in Heaven », alors que Savage et Liz se marièrent dans l’arène.
L’ironie se mêle encore de la partie alors qu’en septembre 1992, un peu plus d’un après s’être marié dans le ring, le couple divorce. Savage revient aussi à la lutte alors que lors du mariage, Savage et Liz avaient reçu un cadeau de Jake « The Snake » Roberts, un cobra. C’était le signe du retour dans l’arène de Savage. Après sa rivalité avec Roberts terminé lors d’un Saturday Night’s Main Event le 8 février 1992, Savage en commença une autre avec Ric Flair, basée encore une fois sur Elizabeth, alors que Flair affirmait avoir eu une affaire avec elle. Lors de Wrestlemania VIII, le 5 avril 1992 à Indianapolis, Savage défait Flair pour remporter le titre de la WWF une deuxième et dernière fois. Il perdu le titre le 1er septembre 1992, toujours face à Flair.
En décembre 1994, Savage fait ses débuts avec la WCW. Les détails de son départ de la WWF n’ont jamais été vraiment éclaircis. Plusieurs raisons ont été émises au fil des années car il est clair que Vince McMahon n’a jamais rien voulu savoir de Savage depuis. Il ne fut jamais admis au WWE Hall of Fame, il ne fut jamais ramené à l’écran, même que le DVD fait sur lui n’était pas un documentaire comme on en a vu régulièrement depuis 10 ans, mais bien juste une collection de ses meilleurs matchs avec de l’animation entre ceux-ci, sans aucune entrevue avec Savage. Il faut qu’à quelque part McMahon soit rancunier envers Savage pour quelque chose de précis. René Goulet y va de sa théorie. « Savage faisait les commentaires à ce moment là et juste avant un Monday Night Raw, il a appelé Vince pour lui dire qu’il quittait la WWF et qu’il avait signé avec la WCW. Vince ne l’a jamais prit. Il disait qu’il aurait du se présenter et lui dire en pleine face comme un homme. » Après avoir passé les années 1993 et 1994 à faire la double fonction de lutter et de faire les commentaires, sa dernière apparition télévisé pour la WWF fut le 31 octobre 1994 lors d’un Monday Night Raw, qui avait été enregistré le 17 octobre. Le départ de Savage est d’ailleurs l’une des raisons qu’avait données Vince McMahon à Jacques Rougeau pour ne pas y aller de l’avant avec la présentation d’un show au Stade Olympique à l’automne 94.
L’ironie entre la vraie vie et son métier fait encore des siennes alors que c’est Hogan, celui là même que Savage blâmait pour son divorce, qui poussa pour que la WCW signe Savage. À la WCW, c’est un Savage qui était définitivement en fin de carrière qu’on voit, lui qui était rendu à 42 ans. Ses moments marquants à Atlanta ont été sa rivalité avec Flair, ses 4 championnats et probablement d’avoir fait partie de l’histoire, alors qu’il s’alignait avec Team WCW lorsque la nWo fut créée et que Hulk Hogan fit son heel turn le 7 juillet 1996 lors du Bash at the Beach. Il remporta son premier titre de la WCW le 26 novembre 1995 après avoir remporté une bataille royal de 3 rings, éliminant en dernier Hulk Hogan. Il devenait alors le 3e lutteur de l’histoire à avoir remporté les titres mondiaux de la WWF et de la WCW, après Flair et Hogan. Si on retourne jusqu’à la fondation de la NWA, il devenait le 4e, alors que Buddy Rogers fut le tout premier. Il perdit le titre le 27 décembre 1995 face à Flair pour le regagner face à ce dernier le 22 janvier 1996. Le 11 février 1996, il perdait le titre encore une fois face à Flair, pour ainsi couronner une série de 4 changements de titres en 4 mois. Le 19 avril 1998, Savage battait Sting pour remporter son 3e titre avant de le perdre le lendemain à Nitro face à Hogan. Finalement, il remportait son dernier titre de la WCW le 11 juillet 1999 dans un match par équipe où le titre était en jeu, alors qu’il défait Kevin Nash. Sid Vicious était son partenaire alors que Sting était celui de Nash. Encore une fois, son règne ne dura qu’une journée alors qu’on le fait perdre face à Hulk Hogan le lendemain lors de Nitro. Malgré leur divorce, Elizabeth continua à gérer Savage à la WCW. Les deux feront partie de la nWo à un moment ou un autre. En avril 1999, il fut aussi géré par sa nouvelle copine, Stephanie Bellars (Gorgeous George), une ancienne danseuse nue. Son dernier match d’importance avec la WCW fut le 14 août 1999, lors du PPV Road Wild, alors qu’il a défait le joueur de basketball Dennis Rodman. Sa dernière présence pour la compagnie fut le 3 mai 2000 à Thunder dans une bataille royale.
Après avoir joué un rôle de lutteur dans le premier Spiderman en 2002, il est revenu très brièvement à la lutte avec TNA en novembre et décembre 2004, luttant dans quelques combats. Mais ce n’était plus le même Savage que les fans avaient connu près de 20 ans auparavant.
Né Randall Mario Poffo le 15 novembre 1952 à Columbus, Ohio et fils du légendaire Angelo Poffo, un lutteur qui eut une carrière de plus de 40 ans, Savage était un excellent joueur de baseball à sa sortie de l’école secondaire. Grâce à son père et à un contact de l’ancien président de la NWA et promoteur de St-Louis, Sam Muchnick, Savage eut un essai avec les Cards de St-Louis qui le signa. Malheureusement pour lui, une blessure au bras droit l’empêcha de bien jouer autant comme receveur que comme voltigeur, deux positions où la puissance du bras est très importante. Savage tenta même d’apprendre à lancer de la gauche tellement il voulait rester dans le baseball. Après que les Cards l’aient laissé aller, il a joué dans les ligues mineures pour les Reds de Cincinnati et les White Sox de Chicago. En 4 saisons, n’ayant jamais dépassé le niveau A, il accumula 869 apparitions au bâton, avec 16 circuits, 66 points produits et une moyenne de 254.
Tout en jouant au baseball, il luttait également dans les entre-saisons. « J’ai déjà lutté contre lui alors qu’il jouait encore au baseball à Peoria pour la AWA, se souvient Goulet. Il écoutait bien. Son père m’avait demandé de le faire bien paraître. Il avait du potentiel et le match avait bien été. » Même son de cloche du côté de Raymond Rougeau. « J’ai lutté avec lui en 1974. Je m’entraînais aussi avec lui à Atlanta vers la fin des années 70. Tu voyais déjà qu’il avait l’étincelle pour devenir une vedette. »
Puis en 1979, il commence à lutter pour son père qui avait fondé une promotion nommée ICW, qui présentait des shows au Tennessee, au Kentucky et dans le sud du Missouri, en opposition aux territoires déjà existants de la NWA. C’est d’ailleurs là qu’il commence à lutter sous le nom de Randy « Macho Man » Savage, lui qui luttait sous le nom de The Spider ou Randy Poffo pour ainsi représenter le lien familial avec son père et son frère, Lanny Poffo, aussi connu sous le nom The Genius, que les fans ont pu voir à la WWF également. Dans son livre « Wrestling at the Chase » sur l’histoire de Sam Muchnick et du territoire de St-Louis, l’historien Larry Matysik raconte que dans ses années là, alors qu’il parlait des meilleurs prospects aux États-Unis avec Pat O’Connor, ce dernier lui avait dit que le meilleur était sans aucun doute Savage, mais que pour des raisons politiques, ils ne pouvaient l’utiliser. Puis, lorsque Matysik ouvrit sa propre promotion à St-Louis, également en opposition avec la NWA, Fritz Von Erich lui avait fortement conseillé d’aller chercher Savage. C’est d’ailleurs l’une des raisons pourquoi il n’a pas été connu à un niveau national avant de signer avec la WWF. Alors que la ICW avait des problèmes, le territoire le plus en opposition avec eux, celui de Memphis géré par Jerry Lawler et Jerry Jarrett, l’acheta en 1984 et une rivalité entre Lawler et Savage fut l’une des plus populaires dans ce coin de pays et établit Savage comme un lutteur à avoir. Un an plus tard, il faisait ses débuts pour la WWF. Le 17 juin 1985 dans un match face à Aldo Marino, il faisait ses débuts télévisuels. Mais dans les faits, Savage avait déjà lutté pour les McMahon en 1978, alors que le Vince McMahon Sr. en était le promoteur. Lors de la diffusion du 30 juillet 1985, Savage, qu’on surnommait « Pro wrestling number one free agent », choisissait Elizabeth comme gérante à la place des Heenan, Hart, Valiant, Blassie, Fuji et compagnie.
Au Québec, Savage est l’un des lutteurs que les fans se souviennent le plus. La plus grosse foule pour laquelle Savage était dans une finale fut le 8 février 1988 au Forum alors qu’il faisait équipe avec Hogan et Steamboat face à la Hart Foundation et Honky Tonk Man. En simple, il a aussi attiré quelques bonnes foules. Le 24 février 1986, il faisait les frais de la finale face à Tito Santana devant 17 300 personnes; le 4 janvier 1988, 16 308 personnes alors qu’il affronte Honky Tonk Man; le 9 octobre 1988, 15 802 personnes alors qu’il fait face à un heel Dino Bravo; 15 308 le 28 août 1988 toujours face à Bravo; 14 232 le 6 août 1988 face à Ted Dibiase; 14 203 le 1er décembre 1985 face à un babyface Dino Bravo. Il a aussi fait quelques finales contre Hulk Hogan et Ricky Steamboat. Si en janvier 1986, Bravo, déçu et frustré que la WWF ait annulé son combat avec Hogan, avait décidé de rester avec Lutte Internationale, le 21 octobre 1986, la WWF, sûrement pour lui donner un bonbon alors qu’il venait finalement de signer avec la compagnie, lui donne une victoire par disqualification face à Savage alors que celui-ci est champion Intercontinental. D’ailleurs, les 3 fois que Savage a affronté Bravo alors qu’il était champion mondial en 1988, les 3 combats n’ont pas eu de finish, alors que les matchs se terminaient par count-out, DQ ou double count-out.
En plus de Bravo, Goulet et Raymond Rougeau, Savage a aussi lutté en équipe avec Rick Martel et Tito Santana en 1988 dans plusieurs house shows. Dans les années 90, il a aussi lutté quelques matchs en simple face à Martel. Il a aussi lutté avec un jeune Jacques Rougeau à la fin des années 70 alors que ce dernier parcourait les territoires américains. « J’avais 18 ans, je gagnais 25 $ par soir et je voyageais avec la famille Poffo, Randy Savage en tête!», racontait-t-il à Réjean Tremblay de La Presse. Également, à la ICW, l’un de ses adversaires les plus réguliers était le Montréalais Ronnie Garvin. En octobre 1985, lors de sa première présence à Montréal, c’est Sunny War Cloud qui est appelé à remplacer Ivan Putski pour faire face à Savage, alors que Putski était absent, pensant que le show était le soir.
Randy Savage sera reconnu comme l’un des meilleurs de sa génération, un top 50 de l’histoire pour sûr. Son travail dans le ring était sa plus grande force. Dans les années 70 et au début des années 80, il était rare de voir un poids-lourd être capable de faire toutes les manœuvres de haute-voltige que Savage pouvait faire. Il est considéré comme l’un des 40 meilleurs lutteurs de l’histoire pour attirer les foules alors qu’il s’est retrouvé dans le top 10 pendant 7 années. (1985 à 1989, 1992, 1998) Il fut voté au sein du Temple de la Renommée du Wrestling Observer en 1996 et fera certes partie de celui de la WWE dans les années à venir. Il avait même repris contact avec Hogan et était resté un fan de baseball, alors qu’on pouvait le voir l’hiver dernier lors des parties pré-saison des Mets de New York à Port St. Lucie. Il était indépendant de fortune, l’une des raisons pour laquelle il s’était déconnecté de la lutte professionnelle depuis sa retraite. Sa descente du coude, la belle Elizabeth, le surnom « Macho Man », son thème d’entrée, ses entrevues, le « Oh yeah! », son combat avec Steamboat, ses publicités pour Slim Jim, sa rivalité avec Hulk Hogan sont autant de souvenirs que laisse derrière lui l’un des meilleurs performeurs de tous les temps, Randy Savage.